Presse écrite généraliste en grande difficulté, débats récurrents sur les statuts précaires et les réductions d’effectifs… Peut-on encore envisager une carrière de journaliste ?
« Ce secteur est complètement bouché… il faut connaître du monde, sinon on se retrouve au chômage… » Tel est le discours inévitablement asséné à celui qui déclare vouloir devenir journaliste. Pourtant, aux yeux de Christophe Deloire, directeur du Centre de Formation des Journalistes (CFJ) de Paris, les opportunités existent : « La situation du marché de l’emploi n’est pas favorable, c’est vrai. Mais même si le chemin est difficile, les plus motivés y arrivent ». Et un coup de pouce est toujours le bienvenu : pour aider ses étudiants, le CFJ les place en CDD dès l’obtention de leur diplôme. Sur les trois dernières promotions, 100 % des élèves avaient un contrat de travail de deux mois minimum à la sortie de l’école. Un tremplin comme on en trouve peu, dans un milieu où la débrouillardise prime. Ne pas avoir peur de multiplier les piges, travailler les weekends, frapper à toutes les portes et ne plus compter les refus, enchaîner les emplois alimentaires en parallèle… « Il faut énormément de volonté, de ténacité et d’énergie pour réussir dans ce métier », insiste Christophe Deloire. Et aussi savoir saisir toutes les occasions qui se présentent. Pour le directeur du CFJ, le statut de pigiste, par exemple, ne doit pas être systématiquement perçu comme précaire. Nombre de journalistes travaillent à la pige de façon régulière, perçoivent des revenus confortables, et n’échangeraient leur place pour rien au monde…
« Les gens qui trouvent sont ceux qui cherchent tous azimuts »
« Il ne faut pas hésiter non plus à s’appuyer sur son école », ajoute Christophe Deloire. Certes, cela contribue clairement à l’accès à l’emploi. D’abord parce qu’on peut mettre en avant de solides compétences. Structurer un papier, cela ne s’improvise pas, comme manipuler une caméra ou s’exprimer correctement face à un micro. Ensuite parce que les écoles constituent des réseaux d’anciens qui facilitent différentes démarches, comme l’obtention d’un stage ou d’un entretien d’information par exemple. Cependant, les journalistes en herbe sont aussi trop souvent focalisés sur les médias les plus connus. Les grandes chaînes, grands journaux et grandes radios les font rêver… Peut-on le leur reprocher ? Ils en oublient pourtant d’autres secteurs porteurs. À commencer par le multimédia. « Que ce soit dans le domaine de la presse écrite, de la radio ou de la télévision, il y a une fenêtre de tir très claire pour le multimédia. Les grands groupes recrutent pour fonder et développer leurs sites Internet », assure Christophe Deloire. Agences de presse peu connues, nouveaux magazines ou magazines très spécialisés, chaînes – plus ou moins grandes – de télévision qui fleurissent, médias locaux qui se plaignent de ne pas recevoir assez de candidatures… Mieux vaut rester à l’affût, Christophe Deloire le certifie : « Les gens qui trouvent sont ceux qui cherchent tous azimuts ». À bon entendeur !
En chiffres
12
En France, 12 écoles de journalisme sont reconnues par la profession.
1 384 euros
En 2007, un journaliste qui débute sa carrière dans un périodique local touche 1 384 € bruts par mois.
1918
Le Syndicat National des Journalistes (SNJ), premier syndicat français de journalistes, est né en 1918.
Pour en savoir plus
www.snj.fr
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